Pensée #11

Aussi sûr que la pluie ruisselle sur les tuileries, je sais que tu es celle, qui régira ma vie. Régente, voire reine d’un royaume, dépose ce que tu penses au creux de ma paume.
Aussi crus que soient mes mots, aussi vu que tes ongles sur ma peau, tu es ma Venus de Milo, et tu me construis d’un demi-mot.

Paradoxes.

Je ne veux plus de pourquoi. Je ne veux plus de réponses, je ne veux plus de questions, j’en ai marre de l’humain et de sa foutue prétention. Je me contente désormais de savoir de ce que le monde est fait. Je ne veux plus voir, je ne veux plus entendre, je ne veux plus sentir les lames acérées du pouvoir. Je ne veux plus être heureux, je ne veux plus être vivant, je ne veux pas consommer, je ne veux plus être à l’image de la société.
Chacun de nous est balafré par des centaines de cicatrices appliquées méthodiquement par chacun des autres. Je ne veux plus me cacher, je ne veux plus pleurer, je ne veux plus rien ressentir, je ne veux plus vivre, je ne veux plus mourir, je ne veux plus exister, je ne veux plus disparaître.
Je ne veux plus me détruire, je ne veux plus me construire, je ne veux plus inspirer, je ne veux plus expirer.

Je ne veux plus gâcher ma vie, je ne veux plus la réussir non plus, je n’ai plus d’estime pour moi, je n’ai plus d’envie, je n’ai plus de besoins, peut-être suis-je un peu inhumain.

Je ne veux plus être, ni ne plus être, je ne veux pas être bien ni vivre ce mal-être, je ne veux plus emprunter le bon chemin, je ne veux plus que l’on me maltraite. Je ne veux plus vivre comme bon me semble, je me passerai bien d’exister. Je ne suis plus rien et je reste pourtant tout, je pleure parce le sang est partout. Je suis fidèle à ma nature, je mens et je blesse, je ne suis pas une raclure, j’aime l’allégresse. J’avance et je recule, sans aucune destination, sinon celle qui me sera octroyée, telle est ma petite prétention. Je suis et je ne suis plus, je serai encore et je n’étais pas. Est-ce bien normal, est-ce dans la norme, d’avoir mal ou d’être en forme ? Je ne me pose plus de questions, je ne cherche plus de réponses. La réponse est dans chaque parcelle du monde, je suis là et je vis, je ne suis pourtant nulle part et je meurs. Oui, paradoxes, encore des paradoxes parce c’est le monde. Le monde est une foutue mélasse de paradoxes, de questions métaphysiques et de réponses intox. Il n’y a pas de réponse. Nous sommes des questions, et nous cherchons sans cesse de nouvelles interrogations, car nous sommes incapable de ne plus avoir de but. Nous n’avons aucun intérêt à avancer sans objectifs, alors nous nous inventons en permanence de nouveaux paliers à atteindre, nous ne reculons devant aucune souffrance causée pour nous prouver que nous le faisons pour une raison.

Ils appellent ça la foi, j’appelle ça la survie. Qu’importe le nom, qu’importe les lettres, qu’importe le pouvoir que ça nous attribuera.

Paradoxes.